Toute la symbolique Dogon affichée sur ses portes

Publié le par leblog-afrikan-art

Les Dogons sont un peuple du Mali qui occupe la région qui va de la falaise de Bandiagara jusqu'au sud-ouest de la boucle du Niger. Quelques uns sont installés dans le nord du Burkina Faso, d'autres en Côte d'Ivoire.

Les Dogons sont avant tout des cultivateurs de petit mil, de sorgho et de riz, ainsi que d'oignons et de quelques autres légumes peu exigeants en eau. Le mil, base de leur alimentation, est entreposé dans des greniers fermés avec des portes gravées de symboles ethniques qui leur sont propres. Les Dogons sont aussi forgerons et sont réputés pour leur cosmogonie et leurs sculptures.

 

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Les symboles de la porte du Hogon

On retrouve une série de symboles de façon plus ou moins complète sur toutes les portes des greniers à grains du pays Dogon. Si l’aménagement général de la porte et les symboles sont immuables, des variantes peuvent apparaître dans la disposition ou l’interprétation des thèmes.

Voici le sens des symboles (nous avons découpé une porte en trois tranches horizontales du haut vers le bas).


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A la partie supérieure de la porte (ci-dessus), l’ancêtre des dogons, à coté de lui son fils ainé et des masques Kanaga. A l’extrémité gauche,l’épouse de l’ancêtre; à son coté leurs jumeaux et au dessus leur petit-fils. Le masque Kanaga réprésente l’esprit de l’homme, la création du monde; il est l’emblème du Mali.

 

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Au-dessous, il y a une rivière au bord de laquelle se trouvent des canards, des caimans,des masques-crocodile et le génie de l’eau ou dieu de l’eau (Nomo en dogon); plus loin des tortues d’eau (Kirou en Dogon)

 

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A mi hauteur , les créateurs de l’actuel pays Dogon. Ils sont au nombre de huit. Ils sont réprésentés en deux groupes de quatre, entre lesquels ont été placés des masques répresentant les animaux domestiques de la famille.

Ce sont les fondateurs des quatre tribus du pays  Dogon (Dyon,Ono, Arou et Domo). Huit de leurs descendants quittèrent le Mandingue (royaume plus ou moins légendaire situé à l’ouest de Bamako) et s’aventurèrent au pied dela falaise de Bandiagara.

 

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A la partie inférieure, la divination Dogon dont le devin est le renard. Explication : le soir , un ou plusieurs  vieux sages se rendent à 500m hors de la ville. Sur un terrain plus ou moins sablonneux, ils préparent des parcelles d’environ 2m de long sur 1m de large, appelées  " tableaux de divination ". Une personne ou une famille pose des questions au sujet de ses intérêts  propres ou ceux de l’ensemble du village (maladies, pluies, etc.) que les vieux sages écrivent sur le sol à l’aide de courtes baguettes et de petites pierres rondes. Le rituel exige d’autre part que de la bouillie de mil apportée dans une calebasse soit versée en partie dans une pierre creuse, partie sur un fétiche modèle en terre, le tout accompagné de prière dans l’espoir d’obtenir des réponses favorables.

A coté de cette scène de divination, une femme accroupie demande au gardien du fétiche de sa famille de faire pour elle des prières aux ancêtres afin qu’elle puisse accoucher sans difficulté.

Généralement, la femme Dogon ne rejoint le domicile conjugal qu’après deux ou trois maternités, tandis que l’aîné de ses enfants vivra dans la famille maternelle.

Au centre, un homme tient deux coqs, l’un blanc et l’autre noir. Après avoir consulté le renard-devin, il doit en faire offrande au fétiche des ancêtres.

Chaque année, à l’approche de la saison des pluies, les Dogons organisent une grande fête : une chèvre est sacrifiée sur l’autel de Lebe -ancêtre des Dogons- et le couteau qui sert à égorger est gardé par un des vieux sages des deux Ogols (nom des deux villages constituent l’agglomération de Sangha).

Le motif circulaire représente la terre . Celle-ci, selon la croyance des dogons, est ronde, plate, entourée d’eau de mer (Nemdi). Le tout est encerclé par un serpent qui se mord la queue.

La rupture de cette boucle entraînerait la fin du monde. Les deux lignes ondulées représentent des vagues d'eau. De chaque coté des lignes ondulées il y a deux lézards, deux serpents appelés Lébé, et deux tortues domestiques.

Les Dogons disent qu’autrefois les falaises se trouvaient à l' emplacement actuel du Niger, que le territoire qu'ils occupent maintenant était alors un espace plat, peut-être recouvert d'eau. Le pied des falaises aurait été baigné par un fleuve ou une grande étendue d'eau. Les lézards sont les premiers reptiles envoyés par Dieu sur Terre : les deux serpents représentent la métamorphose de Lébé. Quant aux tortues, elles vivent généralement dans les grandes familles dont le patriarche goutte en premier la nourriture. En son absence, c'est à la tortue que ce rôle est dévolu.

A 1'époque du Mandingue, les hommes étaient immortels et ils se transformaient en serpents puis en génies(Yeban). Mais à la suite de plusieurs incidents, le fondateur de la tribu des Aron, fils de Lébé, mourut sous la forme  d'un serpent. Un culte fut voué à ce défunt et donna naissance à l'institution des masques. Des ce moment, la mort apparut chez les hommes. Plus tard, le père du premier disparu, le grand ancêtre, mourut à son tour mais sous forme humaine. Son corps fut mis en terre.

Lors de la migration qui les conduisit du pays Mandingue aux falaises de Bandiagara, les Dogons décidèrent d'emporter les ossements de leur ancêtre. Ayant ouvert la tombe, ils y trouvèrent au lieu des restes humains un serpent vivant qui les suivit dans leur voyage. Le reptile n'était autre que l'ancêtre ressuscité sous la forme qu'il aurait du normalement prendre si la mort n'avait pas bouleversé le monde des humains. Cette résurrection fut attribuée au sentiment de reconnaissance qu'éprouva l'ancêtre lorsque ses descendants lui rendirent le suprême hommage. Ces derniers s'éloignèrent du Mandingue, porteurs de terre prélevée dans la tombe et jugée excellente puisque, jusque-la, elle les avait nourris par ses plantes, et avait permis la résurrection du premier d'entre eux. Ils en firent un autel conique qui est à l'origine du culte du Lébé, ancêtre ayant subi une mort temporaire.

Ce culte fut confié au Hogon, dignitaire religieux et homme le plus âgé du village. Ce chef spirituel ne doit plus se laver a l'eau naturelle mais être désormais léché par le serpent Lébé dont la salive, à chaque léchée, lui donne un jour de plus à vivre.

Publié dans Artisanat Mali

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